
Revue mensuelle d’investissement
Le retour à la moyenne, tel est le concept clé pour définir l’évolution des marchés financiers au cours du mois de janvier. Même si ce type d’épisode n’est pas nouveau au début d’une année suivant une année très négative, il est particulièrement marqué en ce début 2023. Les titres et les secteurs ayant le plus soufferts en 2022 affichent les meilleures performances et pour certains de très loin, alors que les «vedettes» de l’an passé sont soit délaissées, soit carrément en baisse. A titre d’exemple, au sein du Dow Jones Industrial index, les meilleurs performers de cette année (CRM, DIS) pointaient en 29eme et 28eme position en 2022, alors que les deux meilleurs performers de 2022 sont en 22eme et 23eme position cette année. Idem au niveau des indices, avec l’Ibovespa brésilien, le Sensex indien et le FTSE 100 britannique au top l’an passé et à la traine en 2023, alors que le Nasdaq et les indices chinois, fortement malmenés en 2022, se reprennent vigoureusement en ce début d’année. La liste est encore longue, avec le gaz naturel «star» incontestée de 2022 qui se retrouve en baisse très marquée cette année, alors que le cuivre, délaissé l’an passé est recherché en 2023. Si ce début en fanfare est évidement bienvenu, la prudence reste de mise car la phase actuelle du rebond des marchés repose en partie sur la couverture (partielle) de positions à découvert et sur le positionnement très (trop) prudent des investisseurs en fin d’année. De plus, le marché obligataire s’attend actuellement à un assouplissement monétaire de la Fed d’ici la fin de cette année, un espoir qui pourrait être facilement «déçu» au moindre dérapage inattendu de l’inflation.
Au niveau géographique, le retour à la moyenne de la performance relative des marchés européens face au marché américain de poursuit également, après 12 années de surperformance des titres US, bien aidé par la normalisation (pour cet hiver) des cours du gaz en Europe. Un hiver relativement doux et des efforts marqués de réduction de consommation de la part des entreprises et des ménages ont permis de maintenir le niveau des réserves au-dessus de la moyenne (graphique de gauche), alors que les cours du gaz européen (graphique de droite) revenaient à leurs niveaux de septembre 2021. Si la crise de l’énergie en Europe est résolue pour cet hiver, il reste encore beaucoup à faire pour l’hiver prochain, car l’approvisionnement complet en remplacement de la fourniture de gaz russe n’est pas encore finalisé. Enfin, un retour à la moyenne tout aussi spectaculaire s’est opéré sur le marché des devises, où le roi Dollar a bien été détrôné. Fortement mis sous pression par le billet vert l’année passée, du moins jusqu’à fin septembre 2022, le Yen, la Livre et l’Euro ont tous opéré des rebonds majeurs de l’ordre 15% en moyenne. Mais suite à ce mouvement haussier, notamment de l’Euro, certains analystes craignent déjà qu’un Euro plus fort ne péjore les bénéfices des sociétés phares du marché européen, comme quoi rien n’est jamais simple pour les titres du vieux continent. Quand l’Euro est faible, c’est parce que l’économie européenne fait face à de sérieux problèmes, donc un environnement négatif pour les sociétés du marché unique et quand la situation s’améliore et que l’Euro devient fort, c’est également pénalisant pour ces titres, dont la plupart sont orientés à l’exportation.
Si les attentes du marché obligataire sont potentiellement trop optimistes, celles-ci pourraient rapidement être «réajustées» par un discours plus ferme qu’attendu lors de la réunion de la Fed du 1er février. Si tel devait être le cas, la réaction des marchés actions pourrait être assez négative et effacer une partie des gains de cette année. En revanche, pour que ces attentes (optimistes) se confirment, il se pourrait qu’un ralentissement un peu plus marqué de l’économie soit nécessaire. Dans ce cas, les indices boursiers pourraient là aussi passer par une phase plus difficile, où il faudra être sélectif dans ses choix.
Cependant, d’autres facteurs pourraient contribuer positivement à l’évolution des marchés actions, comme le désormais bien connu «cycle présidentiel» américain (voir graphique ci-dessus). En effet, la troisième année du mandat présidentiel est historiquement celle où l’indice S&P 500 délivre ses meilleures performances, (12.7% en moyenne) avec une probabilité particulièrement élevée
(performance positive dans 83% des cas). A première vue cela peut paraître comme une (heureuse) coïncidence, mais avec un échantillon de 23 données (de l’année 3), cette hypothèse peut être réfutée. L’une des raisons majeures de cette cyclicité vient du fait que dans l’année 3 de son mandat, le président a désormais les mains plus libres pour agir, avec les élections de mi-mandat derrière lui et la campagne de la (ré)élection présidentielle à échéance suffisamment éloignée pour ne pas requérir sa pleine attention lors de cette fameuse année 3.
Pour terminer, quelques mots sur la géopolitique où les pièces du « puzzle » n’ont pas trop bougé ces dernières semaines. Le conflit en Ukraine s’enlise chaque jour un peu plus et les discussions entre européens s’allongent pour savoir si une douzaine de chars devront être offerts à l’Ukraine, ce qui à l’échelle de ce conflit reste malheureusement anecdotique. Du côté des tensions entre les US et la Chine, un nouveau pas a été franchi avec les américains obtenant des Pays-Bas et du Japon qu’ils ne livrent désormais plus à la Chine de matériel servant à la fabrication de puces électroniques.
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