Publication Trimestrielle – T1 2023

Avril 03, 2023 - 6 min à lire

Soleil, pluie, orages

Tel est le bulletin météo contrasté de ce premier trimestre de l’année. Un mois de janvier sous les meilleurs auspices, un mois de février qui douche les marchés et en particulier le marché obligataire et enfin un mois de mars secoué par les orages du secteur bancaire. Mais en finalité un trimestre qui se conclut globalement sur une note positive au niveau des performances des actions et des obligations. Ce dénouement favorable à l’issue du trimestre ne s’est pas matérialisé sans mal pour les investisseurs, dont les nerfs ont une nouvelle fois été mis à rude épreuve. Après une année 2022 désastreuse à bien des égards, le positionnement excessivement prudent d’un bon nombre d’investisseurs les a détourné des bigtech US et dans une certaine mesure, des titres européens, titres après lesquels ils ont du «courir», ceuxci s’avérant être parmi les plus performants au cours de ce trimestre. De même, un vent d’optimisme a soufflé en janvier sur les marchés obligataires, ceux-ci anticipant alors un pic imminent des taux directeurs. Ces espoirs ont été balayés en février par un discours ferme de la Fed et par une série de données économiques un peu plus résilientes, ainsi que par des chiffres d’inflation plus élevés qu’attendu. Alors même que certains analystes évoquaient encore au début mars un possible scenario sans récession aux US et que les taux courts en USD se situaient bien au-delà des 5%, le marché apprenait le 9 mars que la Silicon Valley Bank, désormais tristement célèbre, ne pouvait quasiment plus faire face aux retraits de
cash de la part de ses clients. La déroute de la dix-septième plus grosse banque américaine envoya une onde de choc sur tout le secteur et au quatre coins de la planète. Un remake de 2008, murmuraient déjà certains, alors que l’indice européen du secteur bancaire lâchait -22% en à peine une semaine, il est vrai depuis des niveaux que nous avions jugé difficiles à justifier lors de notre publication du mois précédent. Depuis le secteur s’est un peu repris, mais la dynamique haussière initiée en octobre 2022 est rompue.

Dans la semaine ayant suivi la débâcle des banques régionales américaines, comment ne pas évoquer l’implosion du Crédit Suisse, la deuxième banque helvétique, qui a vu son sort scellé en trois jours après 167 ans d’existence. Un véritable séisme dans le paysage bancaire, ainsi que dans le monde politique suisse, sous pressions des US, de la Grande-Bretagne et de l’UE. Cette véritable opération commando d’une reprise du CS par l’UBS, organisée de force par le Conseil Fédéral, avec l’aval de la banque centrale (BNS) et de l’autorité de surveillance (FINMA) helvétique a permis d’éviter le pire, mais à quel prix? La descente aux enfers du CS ne date pas d’hier (voir graphique ci-dessus) et les divers managements qui se sont suivis ont chacun échoué à changer une culture de la prise de risque malsaine et non maitrisée. Il fallait un coup de tonnerre pour y mettre un terme, mais le dénouement reste cruel pour les employés de l’entité CS Suisse, profitable mais sacrifiée par la gestion désastreuse de la banque d’investissement.

Avec un temps aussi changeant, il convient d’être bien diversifié dans ses investissements pour y faire face. Avoir en tous temps le portefeuille idéal est un mirage et ceux qui en rêvent sont la plupart du temps frustrés, ce qui les amènent souvent à prendre des décisions radicales au plus mauvais moment. Un actif en particulier s’est mis en évidence au cours de ce trimestre, à savoir l’or, qui est venu apporter une décorrélation (par rapport aux actions et aux obligations) bienvenue lors des tensions de marché. Après une performance positive en 2022 (sauf en USD où elle a été neutre), l’or récidive à la hausse en 2023 dans une certaine indifférence, du moins de la part des investisseurs occidentaux. S’il parvenait à «casser» ses plus hauts aux alentours des USD 2’070, soit 5% au-dessus de son cours actuel, une nouvelle phase haussière se mettrait en place et pourrait l’amener vers des hauteurs insoupçonnées. A l’opposé, les cours de l’énergie ont poursuivi leur reflux et se trouvent à nouveau proches de leurs niveaux moyens historiques. Le marché ne croit pas actuellement à une reprise de la demande, la récession attendue en Occident ayant pour effet
de neutraliser une reprise de la demande chinoise. Ceci pourrait s’avérer exact, mais en cas de surprise (haussière) du côté la demande, l’offre ne pourrait (US et Russie) et ne voudrait (OPEP) pas y répondre par une augmentation des volumes. De plus, malgré des annonces minimisant ce besoin, les US devront très prochainement reconstituer leurs réserves stratégiques d’or noir (voir graphique ci-dessous).

Au plan géopolitique, pas grand-chose de nouveau à signaler ces dernière semaines, si ce n’est l’annonce de la prise de participation par Aramco, le fleuron pétrolier saoudien, dans l’entreprise chinoise de pétrochimie Rongsheng Petrochemical à hauteur de 10%, pour un montant estimé de 3.6 milliards de USD. On peut parier que ce rapprochement n’est pas du goût de l’administration Biden, qui voit son allié historique dans la région se tourner de plus en plus vers l’Orient et vers la Chine en particulier. D’un autre côté, les US se sont également distancés à plusieurs reprises de leur allié saoudien, que certains américains jugent peu fréquentable depuis la prise de pouvoir de Mohammed bin Salman. Enfin, pour terminer sur une note optimiste, un mot sur la saisonnalité des marchés en avril. Les statistiques sur l’indice S&P 500 montrent qu’Avril est favorable et se classe 2eme place derrière Novembre (voir chart).

 

 

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